dimanche 12 décembre 2010

De la vanité comme modèle de l'œuvre

Produire de la fiction comme produire du réel ou encore exposer la fiction comme exposer le réel en ayant recours aux procédés scientifiques de la classification semble mettre à mal toute volonté de distinction ou de hiérarchisation des faits ou des éléments utilisés dans la documentation. Avec l'ordonnancement et l'agencement des pièces ainsi indexées commence l'effacement des origines qui s'opère nécessairement pour faire place au récit tout en soulignant la vanité de cet effort de reconnaissance. Nous avons souvent fait appel à Ed Ruscha sur ce sujet ou aux publications de Christian Boltanski, et nous rappelons également les deux articles d'Anne Moeglin-Delcroix évoqués en cours vendredi : Du catalogue comme œuvre d'art et inversement et La documentation comme art dans le livre d'artiste*.
Prolongement et mise en abîme avec l'artiste Melik Ohanian, dont le travail ne cesse d'interroger les codes et les méthodes du monde scientifique et les représentations du monde et du réel qui en résultent. Ainsi du manuel Island of an Island, un livre qui retrace et documente l'apparition de l'île de Surtsey au large de L'Islande entre 1963 et 1967 à la suite d'une éruption volcanique, lui-même présenté au cœur d'une installation du même nom : quand le livre documente l'installation dont il procède, qui documente le sujet, qui documente un lieu... À retrouver dans la monographie de l'artiste aux éditions HYX...
*Anne Mœglin-Delcroix, Sur le livre d'artiste, articles et écrits de circonstance (1981-2005), Le Mot et le Reste, 2006