lundi 30 novembre 2009

Revue de presse…

Les journaux quotidiens sont un peu du monde qui vient à nous par récurrence mais ils ont la fâcheuse tendance à s'empiler sur le bord du bureau.

Il s'agit donc de temps en temps de consacrer du temps à les parcourir et de savourer cette lecture coupable (pourquoi m'abonner à un journal que je ne parviens pas à lire avec régularité).

Paradoxalement, je trouve toujours au delà de ce regret, de la jubilation à découvrir des nouvelles vieilles de quelques jours parfois de quelques semaines.


Ainsi dans Le Monde des Livres du vendredi 20 novembre, un petit article m'intrigue et m'amène à m'intéresser à nouveau à Chip Kidd.

J'avais découvert son travail dans un numéro d'Étapes (é.115, décembre 2004, Cryptographie de Chip Kidd).

Véronique Vienne y présentait le graphiste newyorkais, connu pour sa collaboration avec l'éditeur Knopf et sa triple activité de graphiste, écrivain et éditeur.

En quelques mots, elle nous fait entrer dans son univers : « Capable de créer d'étranges juxtapositions de mots et d'images, il donne à ses couvertures une dimension équivoque qui suggère plus qu'elle ne révèle. Ce flou ambigu incite les lecteurs à utiliser leur imagination et du même coup à s'approprier le titre…» Elle évoque « la qualité troublante presque perverse qui caractérise [ses] compositions graphiques ».

Donc Chip Kidd vient de participer à une publication tout à fait particulière que Le Monde qualifie d' « unique ».

Compte tenu de la brièveté du texte, il est possible de le restituer ici dans sa quasi-intégralité :

LE MONDE DES LIVRES | 19.11.09 |

Un «objet livre» unique

C'est le célèbre éditeur Alfred Knopf qui publie le 16 novembre à New York L'Original de Laura, (…). Dans sa version originale, l'ouvrage est un objet d'art conçu par Chip Kidd, connu aux Etats-Unis pour ses couvertures fantasques et magnifiques (…). « J'avais toujours rêvé de faire la couverture d'une première édition de Nabokov, mais jamais je n'aurais imaginé en avoir réellement l'occasion un jour », exulte Kidd.

Le résultat est un petit chef-d'oeuvre d'inventivité. La jaquette, en papier noir, présente le nom de l'auteur et le titre du livre dans une typographie blanche qui s'estompe peu à peu dans l'obscurité de la page. En sous-titre, beaucoup plus bas, la mention, estompée elle aussi, « a novel in fragments » (« un roman en fragments »). Si l'on retire la jaquette, le livre présente, en couverture, une image reprographiée de la dernière fiche du livre, avec - au crayon à papier - ce mot de Nabokov (en anglais) : « efface », que l'écrivain a entouré avant d'établir une liste, comme une méditation en forme de synonymes, « expunge, erase, delete, rub out, wipe out, obliterate ». Fantasmes de Philip Wild ou testament de l'auteur ? Au dos du livre, un fac-similé du premier bristol permet de déchiffrer la première phrase du roman : « Son mari, répondit-elle, était lui aussi écrivain - enfin, d'une certaine façon. »

Mais la véritable surprise se trouve à l'intérieur de ce lourd volume de 277 pages taillées dans un papier cartonné lisse et épais. Chaque page présente, au recto uniquement (pages impaires), un fragment de Laura dactylographié et précédé, en haut de la page, d'un fac-similé aux couleurs de la fiche bristol correspondante. Ces fiches elles-mêmes sont détachables, ce qui permet de les extraire du livre (le fac-similé des cartes apparaît en recto verso, de sorte que, détachées, elles sont identiques à celles que Vladimir Nabokov tenait en main). Il ne reste plus au « lecteur créatif » - le meilleur dans la typologie nabokovienne - qu'à les battre à son tour pour tenter d'en deviner l'agencement originel.

Lila Azam Zanganeh.


Poursuivant ma quête, je feuillette Le Monde des livres du 27 novembre et je bute sur un titre : À la recherche d'Alix Cléo Roubaud.

Alix je l'avais croisée dans un magnifique livre de Jacques Roubaud : Le grand incendie de Londres. Elle fut sa compagne.

Jacques Roubaud est cité dans la chronique du 13 novembre qui présentait son dernier ouvrage en collaboration avec Christian Boltanski : Les Habitants du Louvre.

L'article d'Amaury da Cunha présente la réédition du journal d'Alix augmenté d'autoportraits. Il y est question du temps qui passe, de la maladie qui fait son œuvre, de la résistance et derrière tout cela du portrait en tant que journal intime, de la série.

Au fil de la lecture, une phrase m'a intriguée : « j'ai ainsi rephotographié un souvenir que j'avais… » Bien sûr, j'ai immédiatement pensé aux recherches de Winnie que j'encourage à lire l'anecdote qui conduit à cette conclusion.

À noter que ce numéro du Monde des livres est un spécial Montreuil 2009, cela intéressera certains d'entre vous.

dimanche 29 novembre 2009

(Un)Limited store, tout pour l'art !

Le projet de (Un)Limited store, ambitieux, efficace et généreux : être à la fois une structure d'exposition, de diffusion et de production de multiples et de livres d'artistes.

En février 2008, (Un)Limited store a créé (U)L.S journal, un journal gratuit qui donne carte blanche à un artiste : Michalis Pichler, Peter Downsbrough, Claude Closky, Éric Watier... Prochaines cartes blanches à Pierre Leguillon et Daniel Buren.

À retrouver au salon Artistbook pour la présentation de la collection uls pocket saison #2 au complet et sur le site :

vendredi 27 novembre 2009

Rencontre avec Hubert Renard

Un rendez-vous attendu : Hubert Renard est l'invité des conférences de l'école le 9 décembre prochain, une occasion offerte pour rencontrer l'artiste et l'écouter dans sa " Conférences des échelles", dans une nouvelle version centrée autour de sa publication "Une monographie" (catalogue de l'exposition Le bout du monde, mars 2009). Son nouveau livre, "Catalogue de poche, raisonnable et procrastiné", sera présenté au salon Artisbook, sur le stand de (Un)Limited store (4/6 décembre 09).



mardi 24 novembre 2009

« Tout, au monde, existe pour aboutir à un livre. »

Rêve, aveu, fiction, le projet de Mallarmé d'un livre qui serait à lui seul tous les livres, apparaît pour la première fois dans une lettre adressée à Verlaine. Livre absolu recouvrant le monde qu'il donne à lire à son lecteur, l'ampleur du projet amènera Mallarmé à en définir les principes et la forme, plutôt que de tenter en vain sa réalisation complète, comme acte de création et de résistance* au temps qui lui manque : «... je réussirai peut-être ; non pas à faire cet ouvrage dans son ensemble (il faudrait être je ne sais qui pour cela !) mais à en montrer un fragment d'exécuté, à en faire scintiller par une place l'authenticité glorieuse, en indiquant le reste tout entier auquel ne suffit pas une vie. Prouver par les portions faites que ce livre existe, et que j'ai connu ce que je n'aurai pu accomplir.» Définir les principes de l'œuvre, élaborer ou suggérer sa forme, cela nous permet de retrouver Œuvres, un livre d'Édouard Levé (éditions P.O.L.), qui « décrit des œuvres dont l'auteur a eu l'idée, mais qu'il n'a pas réalisées. » Les 532 œuvres de ce livre sont écrites pour exister sous forme textuelle et jouent sur le caractère fictif de toute œuvre.

*Gilles Deleuze, Qu'est-ce que l'acte de création ?, conférence donnée à la FEMIS, mars 1987

dimanche 22 novembre 2009

Un livre est un livre est un livre...

Pour évoquer notre présentation, il y a quelques jours, du travail de Patrick Corillon, nous vous proposons la lecture d'un texte de Marie-Ange Brayer (directrice du Frac centre), que l'on retrouve aussi sur le site de l'artiste.

L’invention du livre

Mallarmé rêva toute sa vie d'écrire le Livre. Un livre total, contenant tous les livres, infiniment polysémique. L'œuvre de Patrick Corillon, où se rencontrent le récit et l'image, se déploie un peu à la façon de ce livre de tous les possibles. Chacune de ses œuvres s'inaugure dans un texte, embrayeur de l'imaginaire et de la forme. Qu'il s'agisse du comportement étrange de papillons ou de lézards, de biographies saugrenues de personnages célèbres ou inventés, le récit se présente toujours sur le ton sentencieux de l'assertion scientifique : c'est ici le botaniste ou le biographe attitré qui parle : la source de parole est légalisée pour rendre le récit crédible.

Corillon ne fait que rapporter une histoire que quelqu'un d'autre a déjà racontée avant lui : la narration se dédouble car l'œuvre d'art est aussi « doublure » et fabulation de la réalité. Le Livre, ce sont tous ces pseudos-énoncés, comptes rendus biographiques imaginaires qui transforment l'œuvre en réminiscence, trace, empreinte du temps, hypothèse, stance poétique. En réhabilitant la narration, Corillon parvient à la faire agir sur les données de l'espace et du temps qui gouvernent notre perception des choses. L'Auteur est une infinité d'auteurs qui composent une histoire dont nous sommes la trame fictive.
Si l'œuvre prend une apparence objective et neutre, la création de l'image (qui est au confluent du récit et de l'espace) est toujours au plus haut point sensorielle, parcourue de parfums, de tactilité, de clairs-obscurs, mais aussi toujours évanescente, au bord de la disparition. Comme cette tache de moisissure en trompe-l'oeil peinte sur un mur qui, chaque jour, prend une forme différente pour être effacée à la fin par le narrateur, l’œuvre est ce secret, cette présence toujours voilée, cette « image dans le tapis » de Henry James. (Marie-Ange Brayer)

dimanche 15 novembre 2009

La tentative du nombre

L'œuvre de Closky fait appel aux procédés de l'inventaire et de la liste.

Que peut-on jamais dire et apprendre de ce que l'on tente de rassembler, ranger, conserver ? La question est posée avec pertinence par Les miens/Biennales, une œuvre textuelle de l'artiste aux éditions Al Dante.

Date de parution : octobre 2009

Des inventaires dans des inventaires, de la description à la classification, démonstration du vertige et puissance textuelle de l'énumération, c'est l'expérience que propose Tentative d'épuisement d'un lieu parisien, un livre de Georges Perec, ou 3 jours d'enregistrement des micro-événements de la Place Saint-Sulpice en 1974, à Paris. Une lecture et une réflexion qui s'adressent tout particulièrement à Damien. Extraits :" Il y a beaucoup de choses place Saint-Sulpice, par exemple : une mairie, un hôtel des finances, un commissariat de police, trois cafés dont un fait tabac, un cinéma, une église à laquelle ont travaillé Le Vau, Gittard, Oppenord, Servandoni et Chalgrin et qui est dédiée à un aumônier de Clotaire II qui fut évêque de Bourges de 624 à 644 et que l'on fête le 17 janvier, un éditeur, une entreprise de pompes funèbres, une agence de voyages, un arrêt d'autobus, un tailleur, un hôtel, une fontaine que décorent les statues des quatre grands orateurs chrétiens (Bossuet, Fénelon, Fléchier et Massillon), un kiosque à journaux, un marchand d'objets de piété, un parking, un institut de beauté, et bien d'autres choses encore. (...) Esquisse d'un inventaire des choses strictement visibles..."

vendredi 13 novembre 2009

Vertige(s) de la fiction / Fiction(s) de la liste

À voir :


En novembre, Umberto Eco est l'invité du musée du Louvre et a programmé pour l'occasion un ensemble d'événements : conférences, concerts, colloque, rencontre (avec Claude Closky, pour un Faces à Faces, soirées d'art contemporain)... Pour cette invitation, l'écrivain a imaginé le titre Vertige de la liste. Vertige en art, en histoire de l’art, en littérature et en musique.

Une liste c’est l’énumération de choses essentielles ou futiles, c’est l’arrangement aléatoire ou structuré d’éléments cohérents ou disparates, c’est un classement toujours provisoire, c’est l’organisation incongrue ou harmonieuse d’objets réels, virtuels, imaginaires ou symboliques, c’est l’entassement volontaire ou hasardeux d’ensembles homogènes, c’est l’accumulation de définitions nécessaires ou chimériques, c’est l’aboutissement dialectique du dialogue utopique entre le rêve et la raison. C’est le vertige qui nous prend devant l’agencement impossible du monde.

« Les habitants du Louvre », c'est le projet imaginé par Christian Boltanski en collaboration avec Jacques Roubaud, sous la forme d'un livre recensant les noms de tous les « habitants » du Louvre, toutes les personnes qui travaillent au Louvre (environ 2000) et tous les artistes qui y sont exposés, de l’antiquité au début du XIXe siècle (coédition musée du Louvre/Dilecta).


À venir :

A.B.I., le salon Artistbook International, qui aura lieu cette année du 4 au 6 décembre, au Centre Pompidou.

À classer dans vos archives :

Organisé par le Cneai, le Salon Light # 6, une édition encore toute fraîche orientée vers des éditeurs et diffuseurs indépendants, européens et internationaux. Etaient présents cette année :

alga marghen, (un)limited store, éditions le mot et le reste, les bas-parleur, éditions matière, hypertexte, l’endroit, nuke, incertain sens, l’imprimante, éditions marguerite waknine, roven, re-voir, éditions p, the institute of social hypocrisy, derrière la salle de bains, le tigre, useless magazine, spector, boabooks, lieux communs, bedford press, It: éditions, analogues, dilecta, westphalie verlag, motto distribution, arts factory, modèle puissance, la femme à barbe, éditions en marge, french fourch, monsieur pimpant, inextenso, burozoïque, éditions head, l’éclosoir, potemkine, zédélé, arrache toi un œil, solo ma non troppo, fukt, ppt, la bibio fantastique,septembre editions, editions provisoires, avant-poste, art&fiction, nm editions, paraguaypress, useless, gatza, tigger sushi, quartier, double entendre, héros limite, shoboshobo, les trois ourses, B 42, vibrö, dasein, kaugummi, bimbo tower, École Nationale Supérieure d’Arts Paris – Cergy, éditions inculte, général général général …

http://www.cneai.com/

jeudi 12 novembre 2009

« Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman. »

Cette phrase de Roland Barthes sert d’introduction à l'article de Cécile Camart, Sophie Calle alias Sophie Calle (art press hors-série Fictions d’artistes*) et nous rappelle très justement l'interaction entre l'art et la vie dans l'œuvre de l'artiste. Dès ses premiers travaux, Sophie Calle met en scène sa propre vie en ayant recours au récit et à la photographie et s’attache à créer dans la vie de tous les jours des situations propices à être investies par son travail.

Maria Turner alias Sophie Calle : l'artiste et son œuvre ont inspiré à Paul Auster Maria, un personnage de son roman Léviathan, vivant sa vie en fonction d'un ensemble de rites bizarres et personnels, et où l'on découvre pour la première fois le rituel d'anniversaire. « Pour elle, chaque expérience était systématisée, représentait une aventure en soi, créatrice de ses propres risques et de ses propres limites, et chacune de ses entreprises entrait dans une catégorie différente, distincte de toutes les autres. (...) Maria était une artiste, et pourtant son activité n'avait rien à voir avec la création de ce qu'on appelle en général des œuvres d'art. Certains la disaient photographe, d'autres la qualifiaient de conceptualiste, d'autres encore voyaient en elle un écrivain, mais aucune de ces descriptions ne convenait et tout bien considéré je pense qu'il était impossible de la ranger dans une case. (...) Des idées s'imposaient à elle, elle menait à bien des projets, des réalisations concrètes pouvaient être exposées dans des galeries, mais cette activité naissait moins d'un désir de création artistique que du besoin de céder à ses obsessions, de vivre sa vie exactement comme elle l'entendait. (...) Depuis l'âge de quatorze ans, elle avait conservé tous les cadeaux d'anniversaire qui lui avaient été offerts - encore emballés, rangés bien en ordre sur des étagères en fonction des années. Adulte, elle organisait chaque année en son propre honneur un dîner d'anniversaire, où le nombre des convives correspondait à son âge. »

* Fictions d'artistes, autobiographies, récits, supercheries, art press hors-série avril 2002

dimanche 8 novembre 2009

La fiction à l'œuvre : collectionner, archiver pour raconter une histoire et fournir les preuves de cette histoire.

Première étape de notre réflexion sur la fiction, l'œuvre de Christian Boltanski. Depuis ses premiers travaux qui inaugurent un long questionnement sur le souvenir, la mémoire et le temps, Christian Boltanski interroge les liens qui existent entre l’histoire et la fiction, dans les glissements de l’histoire collective aux histoires individuelles, en ayant recours à des mises en œuvre empruntées au domaine de l’ethnologie ou de l’anthropologie : archives, inventaires et témoignages, documents d’histoire et menus objets, tout ce qui a valeur de preuve, ce qui fait trace. En 1969, son premier livre Recherche et présentation de tout ce qui reste de mon enfance, qui est également un des tout premiers livres d’artistes français, témoigne de cette tentative de restitution d’une histoire individuelle sur le mode biographique, brouillant d’emblée les pistes en mêlant la réalité et la fiction. Le livre est composé de 9 pages et rassemble quelques souvenirs d'école comme nous en possédons tous, une photographie, un devoir de classe, qui attestent d'une histoire particulière mais évoquent tout autant l'enfance de chacun d'entre nous.

« Une grande partie de mon activité est liée à l’idée de biographie, mais une biographie totalement fausse et donnée comme fausse avec toutes sortes de fausses preuves. »

« Au début, je m’intéressais surtout à la propriété donnée à la photographie de fournir la preuve du réel : un spectacle photographié est ressenti comme vrai ; les photographies me servaient alors de preuve de l’existence du personnage mythique que j’avais créé, Christian Boltanski. (…) Dans le premier petit livre, Tout ce qui reste de mon enfance de 1969, la photographie apporte la preuve apparente que je suis allé en vacances à la mer avec mes parents, mais c’est une photographie non identifiable d’un enfant et d’un groupe d’adultes sur une plage. On peut y voir la photographie du lit où je dormais à cinq ans; naturellement la légende oriente le spectateur mais les documents sont volontairement faux. De même, dans Reconstitution d’un accident qui ne m’est pas encore arrivé et où j’ai trouvé la mort, de 1969, la photographie fournit la preuve, au sens policier, d’un accident de bicyclette qui ne m’est jamais arrivé. »


Les vitrines de références : référence directe à la vitrine du musée, les objets sont exposés comme des pièces archéologiques. Boltanski applique à sa propre vie le processus de conservation et de documentation, mais aussi à la vie de personnes anonymes, dont il rassemble des objets leur ayant appartenus pour raconter l’histoire. La fiction est sans cesse confrontée à la réalité : qu’est ce qui est vrai, qu’est ce qui est faux, au regard de ces échantillons collectés pour retracer une vie humaine ?

Vitrine de référence, 1971, collection du Musée national d'art moderne


Les saynettes comiques

« Je crois qu’il est très difficile de départager le vrai du faux. (...) Dans la plupart de mes pièces photographiques, j’ai utilisé cette propriété de preuve que l’on donne à la photographie, pour la détourner ou pour essayer de montrer que la photographie ment, qu’elle ne dit pas la réalité mais des codes culturels. (...) Dans les saynettes comiques, les photographies mentent car un personnage grimé joue devant un décor peint une scène confirmée par la légende de l’image. Les images des saynettes étaient doublement fausses car elles renvoyaient à un spectacle qu’un fantaisiste fictif aurait joué. »

Delphine renard, Entretien avec Christian Boltanski, Boltanski, Centre Georges Pompidou, 1984

Saynettes comiques, 1974, L'anniversaire

Je suis content, c'est mon anniversaire//Ma mère chante Joyeux Anniversaire//Mon père me sourit// Je souffle les bougies

samedi 7 novembre 2009

De Fictionibus... Une introduction à la question

Chacun est maintenant bien engagé dans son domaine de recherche. Comment explorer la nature de ses interrogations en les confrontant à l'espace fictif de l'œuvre ? Le moment est venu de nous intéresser de plus près à la question de la fiction.
Fiction : n. f. création, invention de choses imaginaires, irréelles ; œuvre ainsi créée.
Fictionnel, elle : adj. relatif à la fiction ; fondé sur la fiction. (dictionnaire Larousse)
Se représenter, se figurer, imaginer, avoir recours à la fiction pour créer des outils de connaissance, d'appréhension et de compréhension du monde qui nous entoure :
- L'Allégorie de la caverne : "Maintenant, repris-je, représente-toi notre nature, selon qu'elle est ou qu'elle n'est pas éclairée par l'éducation, d'après le tableau que voici. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine en forme de caverne, dont l'entrée, ouverte à la lumière, s'étend sur toute la longueur de la façade..." Platon, La République, Livre VII, éd. Les Belles Lettres, 1975
- Une cartographie de la Lune et ses "mers lointaines" : la mer des Pluies, la mer de la Sérénité, la mer de la Tranquillité, la mer des Crises...
- De Fictionibus juris tractacus quinque : un recueil de traités juridiques du XVIIe siècle, où l'on voit que si la fiction va à l'encontre de la vérité, elle permet pourtant d'inventer des situations possibles pour établir des règles et des lois.