samedi 21 janvier 2012

Présentation des projets, suite

Quentin Aurat

La recherche porte sur l'élaboration de principes génératifs qui associent le son et l'image et questionnent le rapport ordinateur-papier.

Dans le principe combinatoire qui sous-tend la recherche, le concept d'harmonie, notion fondamentale en musique, sera un support d'expérimentations pour mettre en place des processus de combinaisons et de compositions visuelles et sonores, basées sur le principe d'empilement, de simultanéité, d'ubiquité et de polyphonie.

Une première étape du travail fait référence au Tangram (puzzle chinois composé de sept pièces) pour en tirer ses propres règles sur l'harmonie.

L'ensemble des expériences converge vers la conception d'un générateur sonore, un compositeur aléatoire basé sur l'écriture informatique et le langage binaire appliqué à l'écriture d'un texte. Le projet propose d'envisager le générateur comme support de lecture et d'écriture, selon des modalités qui sont à l'étude.

(références : Pierre Boulez et Paul Klee)


Guillaume de Ubéda

Le projet explore la transversalité print et numérique ainsi que la page comme écran. En se situant à la croisée du texte, de son auteur et du lecteur, il interroge également la part du lecteur dans le récit, en termes de création et de participation à son élaboration.

Concrètement, le projet s'articule entre la production de livres blancs réalisés exclusivement en papier de récupération, et de travaux vidéo, avec la volonté de combiner un contenu virtuel et sonore tout en combinant les supports de la narration. Le livre reste un objet que l'on a entre les mains et dont on doit tourner les pages pour faire apparaître le contenu (vidéo). Se posent les questions de rythme du lecteur et son rôle dans la progression du récit. Pas de lecteur, pas de récit.

La vidéo est pensée comme un équivalent de l'univers mental du lecteur ou évoque l'imaginaire de la lecture.

(référence : Golan Levin)


Nassim Arzazar

Les premières idées se sont développées selon plusieurs scénarii.

- scénario 1 : Lecture interactive et superposition

- scénario 2 : Lecture augmentée

Le livre se lit à l'aide du téléphone portable. Un jeu s'installe, la lecture se fait en fonction du déplacement du téléphone qui permet de sélectionner le texte. Nécessite un travail de structuration du récit en fonction des processus impliqués.

- scénario 3 : Lecture à deux. Il s'agissait de jouer sur la solitude du lecteur.

Le support et le questionnement engagés dans le projet sont ceux de la presse quotidienne et les images médiatiques. Trois axes pour la recherche : la survisibilité, le contexte, la source.

(référence : Chris Marker, Les Lettres de Sibérie

Mots-clés : image type, vestiges d'images, fragmentation, recomposition)


Émilie Pouzet

Le projet repose sur la notion de "geste interfacé".

Une première étape a consisté en l'élaboration d'un inventaire de gestes interfacés simples, en enregistrant les traces et les empreintes selon différents procédés plastiques (enregistrement des mouvements des doigts sur une plaque de métal en reproduisant la gestuelle de zoom de l'iPhone par exemple).

Dans la première maquette de livre, le principe d'une page dans la page génère un principe de reliure. Ce qui fait lien entre les pages renvoie au geste engagé au sein du livre pour la lecture.

Avec la deuxième maquette, on va chercher à intégrer le passage du lecteur dans le livre. En tant que support sensible, le papier va avoir un rôle prépondérant. Le projet s'oriente plus précisément sur le langage du geste dans le livre.


Justine Romuald

Cherche une correspondance visuelle et fonctionnelle du "clic" transposé sur le papier.

Le travail interroge la rhétorique du livre et les principes de navigation, dans le livre t à l'écran.

Le projet se situe dans une recherche d'hybridation des langages iconiques et textuels pour les croiser dans un même texte et fait appel au langage css.

L'ambition est de caractériser tous les éléments du récit pour amener à un nouveau mode de lecture, fondé sur des éléments visuels et sensibles : associer un personnage à un papier, à une icône, utiliser la couleur et la texture des papiers...

Référence importante : le travail de Fanette Mellier en résidence à Chaumont pour Bastard Battle ou Le travail de Rivière.

L'écriture du récit rappelle celle d'une pièce de théâtre : prologue, présentation des personnages acteurs et progression par séquence. Le récit se complexifie et s'intensifie au fil de la lecture, il est de plus en plus documenté.

Déroulement : on avance de clic en clic, au gré du lecteur. Les icônes permettent de se déplacer dans trois récits différents.


Marga Berra Zubieta

Le point de départ : action et participation.

À partir d'un constat portant sur le vocabulaire récurrent des mots associés aux situations d'échange et de partage, comme invitation, communication, conversation, participation, contribution,... autant de mots qui ont en commun la même terminaison, une nouvelle orientation et un nouveau principe de circulation de l'échange mobilisent le travail.

S'appuyant sur le roman de Perec, La disparition, le projet propose une lecture de la disparition du texte par l'apparition de la cartographie des "TION", instaurant une autre narration: cartographique et visuelle d'une part, sous forme d'inventaire d'autre part.

En les reliant avec du fil rouge, le travail sur l'apparition des "Tion" correspond à un trajet dans le texte. Le projet interroge le fil du texte, le fil de la lecture, le fil de la narration.


Sandrine Corbin

Sandrine Corbin a tout d'abord trouvé la matière de son travail dans l'exploration de la vie quotidienne. Privilégiant les habitudes et les petits rituels du quotidien, elle a également questionné les normes et les contraintes sociales et notre capacité à nous y plier ou à les réinventer. Peu à peu, attentive à l'écoulement du temps et à la traversée des espaces, un principe de correspondance s'est établi entre les actions et les lieux. Le film de Tarkovski, Stalker, est devenu la base d'un nouveau travail ainsi que la lecture de l'ouvrage de Marc Augé, Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité.

Se déplacer dans un espace sensible et réactif comme celui de la zone définie par Tarkovski, la théorie du non-lieu et une réflexion sur la solitude prennent le relais des recherches initiales :

- comment mettre le livre et l'édition au service de l'expérience du non-lieu.

- comment un livre et son lecteur pourraient être en interaction pour transporter l'expérience de la zone dans l'édition. D'où la définition des caractères et des caractéristiques que l'on veut activer et explorer dans le livre et l'édition, incluant la manière de se déplacer et la notion d'espace changeant (variation).

(Mots-clés : progression, dévoilement, accessibilité - accessibilité de la zone qui se refuse ou non)


Florine Delatte

Le travail trouve son origine dans un questionnement sur la maison et l'enveloppe.

C'est le point de départ d'un protocole sur le parcours à partir de la maison: prise de notes détaillées et rapport au code appliqués à un rituel quotidien sous forme d'inventaire des lieux traversés.

Le mode d'enregistrement se veut le plus rigoureux possible, puisqu'il s'agit de s'appuyer sur le réel pour en restituer la dimension géographique. La rhétorique du livre et des principes comme le foliotage sont mis au service du projet.

Mots-clés : parcours, chemin, porte, passage, station, transition.

La vie quotidienne et son caractère ordinaire ont peu à peu remplacé le questionnement centré sur la maison et constituent le cœur du projet.


Eline Tourenne

Les notions de fragment et de déplacement, le rôle actif du regard pour parcourir le tout, ont émergé des premières réalisations. Le travail explore les principes de l'interaction, afin de solliciter le déplacement et de permettre l'accès, progressif, au texte ou à l'image. Le temps du dévoilement est important, il peut varier en fonction du lecteur, de son parcours dans le texte.

En s'inspirant de Moments de Jean-Jacques Rousseau de Jean-Louis Boissier, la réflexion vise à déterminer un ou des principes qui permettraient de retrouver l'interaction à l'écran dans l'espace du livre. Celui-ci est conçu sur la base d'un poster format A2, composé de fragments qui se rejoignent et s'unissent par le procédé du pliage. Le lecteur est invité à jouer avec les pliages pour créer des combinaisons de fragments de photos et de fragments de texte jusqu'au déploiement complet. La manipulation est mise en avant, elle souligne la relation du lecteur avec l'auteur et avec le livre, elle permet aussi une réflexion sur l'élaboration du sens et sur les formes du récit (son autonomie).

(Quelques pistes pour la suite du projet : l'importance donnée à autrui, la mémoire et le temps, le jeu et la convivialité.)